« Une dernière Tabaski et je m’en irai ». Tel était son vœu cher. Maïnouna, 36 ans, a appris le 26 Septembre 2014 qu’elle avait sûrement les symptômes de la méchante maladie qui sévit dans son pays. Elle devra mourir de la fatale fièvre. Comment vivre la fin de sa vie, quand on n’a pas quarante ans et qu’on est mère de famille ?
Aussitôt, Maïmouna décide
de choisir le couple qui accueillera ses quatre enfants. Elle remue ciel et terre pour officialiser son choix. « Il est hors de question
qu’ils partent d’ici pour un village d’enfants. Je veux qu’ils conservent leurs
copains d’école, leurs amis, tous les gens qui leur sont proches. C’est après
mon départ qu’ils en auront le plus besoin », plaide-t-elle.
Abandonnée par sa mère dans sa toute petite enfance,
Maï connait les méfaits du silence. Elle ne veut rien cacher à ses enfants, et
leur parle avec justesse et simplicité. Elle mise tout sur la dernière Tabaski
ensemble. « Je ne peux rien leur refuser. »
Maïnouna Baldé vit en pays Toma, un petit village de
Sérédou en Guinée
forestière avec ses quatre enfants, qui ont 11 ans, 8 ans, 5 ans et 2 ans. Elle
est mère au foyer et s’occupe de ses enfants. Au début du mois de Septembre,
elle a travaillé dans une ferme avec
Fati. Elles ont partagé la même chambre pendant cinq jours. Le mari de Fati
était mort vers la fin du mois d’Août de la mystérieuse maladie.
« Pourtant, Fati était bien portante pendant ces moments passés à la
ferme » pleurait l’innocente Maï. « La mort l’avait déjà foudroyée ?».
A qui le tour maintenant ? Maïnouna est déclarée
porteuse du virus en incubation. Elle devra être isolée de ses enfants et de
tout le monde pour attendre sa fin prochaine dans le couloir de la mort.
Condamnée à une mort imminente, cette mère de famille se bat pour que ses
enfants ne soient pas séparés. Elle a exigé et obtenu le droit de choisir
elle-même la famille qui les accueillira après sa mort. Positive, battante, avec
humour et panache, Maïmouna a voulu que les dernières semaines de ses enfants
avec elle, et surtout la dernière Tabaski, soient des moments de bonheur. Elle ne
verra pas la Tabaski comme elle le souhaite.
Son isolement a certainement précipité sa mort. Comme
elle, ses enfants vivront leur tendre enfance sans mère. Vivement qu’ils ne soient
pas infectés eux aussi.
Adieu Maïmouna, Adieu Maï.
Edith HOUHA (Eloquentia TMC Cotonou / Bénin)
Excellente initiative. Je m'abonne à ce blog....à moins qu'il soit réservé aux seules femmes. :)
RépondreSupprimerPas du tout Léonce. Même si je vais souvent m'inspirer des vécus de femmes pour écrire mes textes. Et après tout, que ferions-nous sans vous? Presque rien car je n'ose pas dire rien ! (Rire). Merci de me lire souvent et pour le soutien aussi, merci. J'apprécie vraiment.
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