![]() |
Hermine AKPONNA |
Lorsqu’au nouvel an, nous
échangeons des vœux de bonheur, quand à un anniversaire ou à un mariage nous
souhaitons le bonheur, avons-nous ne serait-ce qu’une petite idée de ce que
nous y mettons ? Et lorsque nous le souhaitons à un proche, lorsque nous
le désirons nous-même, pensons-nous vraiment que le bonheur soit accessible à
tous ? Le croyons-nous véritablement ? Ou le souhaitons-nous juste
parce qu’il n’est pas bien de penser, de vouloir le contraire ? Le bonheur que nous nous plaisons
à souhaiter, à désirer, semble bien difficile à cerner. La preuve ! Il a
fait l’objet d’études en psychologie, psychanalyse, philosophie et autres. Nous
nous baserons sur quelques-unes d’entre elles pour mieux comprendre ce
concept ; pour en avoir une petite idée.
Du point de vue
de l'étymologie, le bonheur est l'aboutissement d'une construction, qui ne
saurait être confondue avec une joie passagère. Il ne s’assimile donc pas au plaisir
qui est une forme de satisfaction plus limitée et plus ponctuelle. Le bonheur
est caractérisé par sa durabilité et sa stabilité ; il désigne un
bien-être complet du corps et de l'esprit, tandis que le plaisir concerne plus
souvent le corps. Se marier, avoir sa maison, une jolie petite voiture,
relèveraient donc plus d’un état de plaisir que de bonheur. Car si j’ai tout
cela aujourd’hui et je me dis heureuse, qu’en sera-t-il demain quand je ne les
aurai plus ? La conception
du bonheur varie selon que l’on soit du camp des optimistes ou de celui des
pessimistes. Pour les premiers, les optimistes donc, comme Spinoza, Montaigne,
Diderot, Epicure, le bonheur est comme un « état de satisfaction totale »
qui est possible voire facile. Pour eux, il suffit pour l’Homme de satisfaire
ses désirs naturels et nécessaires pour être heureux. Les
pessimistes, comme Rousseau, Pascal, Schopenhauer et Freud estiment quant à eux
qu’il est difficile voire impossible d’atteindre le bonheur. S’il est vrai
qu’il est le motif de toutes les actions de l’Homme, jamais personne n’est
arrivé à ce niveau de satisfaction totale et permanente. D'autres, comme
Kant, opposent la recherche du bonheur et la réalisation de la loi
morale ; autrement dit on ne peut pas chercher à être heureux en suivant
la loi morale. Dans une société où les hommes, les femmes sont régis par des
lois, des règles de vie, où ils sont conditionnés, influencés dans leurs façons
de se comporter, le bonheur serait alors conditionné par la société, ses lois
et ses règles. On ne saurait rechercher son bonheur propre dans ces conditions. FriedrichNietzsche, lui, considère la recherche du bonheur comme une fuite devant le
tragique de la réalité, lui préférant l'expérience de la joie. Pour lui, le
bonheur est « le sentiment que la puissance croît, qu’une résistance est
en voie d’être surmontée. » Il voit dans la puissance la seule voie pour
un homme d’avoir le bonheur.
Un élément
commun à tous ces points de vue, c’est le bonheur assimilé à un simple état de
satisfaction. Ce qui oppose, c’est le conditionnement du bonheur, c’est la
durabilité de cet état de satisfaction. Mais l’Homme que nous sommes doit-il se
contenter d’aspirer au bonheur sans jamais prétendre l’atteindre ? A quoi
bon vivre son quotidien sans jamais pouvoir se vanter ne serait-ce qu’une fois
d’être « heureux » ? Je ne suis ni
philosophe, ni bouddhiste, ni biologiste …. Mais j’estime que
l’Homme peut atteindre le bonheur dans une société dont il a lui-même contribué
à écrire les règles et les lois. Par ailleurs, je veux croire, que si j’ai une
famille, une maison, une voiture aujourd’hui, au-delà de simples plaisirs
satisfaits, c’est un bonheur qui est le mien à l’instant où je le vis peu
importe ce qu’il en sera demain. S’il est vrai
que ce qui fait le bonheur de Charlie, de Simone ou de Rachel, ne fait pas
forcément le mien, s’il est vrai que toutes les actions de l’Homme concourent
au bonheur, il serait cruel de prétendre que jamais ses efforts n’aboutiront,
même si c’est pour un court instant de sa vie.
Chacun de nous aspire au bonheur. Chacun sait ce qu’il met dans le bonheur auquel
il aspire. Je vous invite donc à y croire et à choyer autant que vous le pouvez
ce qui fait votre bonheur de l’instant. Peu importe ce qu’il en sera demain. La
vie est ainsi faite. Ainsi va la vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire